Ça pourrait être bien non ?
Non ?
Comme il a dit.
Juste prendre sa main sans réfléchir, comme ça je sais pas, en marchant quoi.
Regarder le plafond et puis oh, prendre sa main, lui tenir la porte et puis tiens, attraper ses doigts, refermer son casier et puis aller caresser ses phalanges sans demander la permission.
Non ?
C'est important pour moi, encore plus que pouvoir enlever tous ses vêtements d'un coup jusqu'à son caleçon (je me demande ce qu'il porte comme genre de caleçons) et de mettre la couette par-dessus nous et de faire l'amour et de le serrer dans mes bras pendant et après, encore plus que ça.
Parce que si je peux lui prendre la main, ça veut dire beaucoup plus de choses.
Même encore plus que devenir conducteur de bateaux, acheter le joli manteau que j'ai vu chez American Apparel l'autre jour, pour la main de Sal j'irai devenir militaire.
- Je … Je sais pas.
Je soupire et en plus j'ai froid au torse parce qu'il a quitté sa place au chaud contre moi, il est allongé à côté et on se touche plus trop, je suis un peu triste que ce soit déjà fini, j'aurais aimé que ça dure au moins aussi longtemps que la chanson que j'écoute parfois en vinyle, celle qui dure quarante-huit minutes sur la face A.
- On … on pourra essayer.
Ses doigts rebondissent sur mes veines.
Je le regarde et je peux pas m'empêcher de rougir.
Il a encore et toujours les sourcils froncés, j'espère que c'est pas trop à cause de moi, je veux pas être la raison qui lui donnera des rides à vingt-six ans.
- Merci.
Il y a la chanson qui tourne encore.
J'aimerais bien changer mais je préfère crever plutôt que me lever.