crystalised.
t'avais pas eu peur ève. t'étais sortie, en fin de journée, et t'avais commencé à marcher dans ces petits sentiers. c'était pas agréable, non, mais tu te sentais libre pour une fois. t'avais l'impression que ta véritable place était dans la nature. loin de toutes ces règles.
t'étais enfin à ta place.
t'avais failli tomber, plusieurs fois d'ailleurs. t'aurais pu te faire mal, très mal. t'aurais pu tomber dans l'océan, comme ça, plouf. plus d'ève. t'aurais pu glisser sur un rocher, te blesser et n'avoir personne pour te soigner. t'aurais pu avoir plein de bobos. mais tu continuais. t'avais pas eu peur ève.
puis t'avais fini par t'asseoir. le soleil était timide aujourd'hui, mais t'allais peut être profiter de son coucher. et t'allais devoir rentrer, pour dormir. tu pouvais pas t'évader comme ça. t'étais là pour ton bien. mais ton bien, ils ne savaient même pas ce que c'était. alors tu cherchais, au fur et à mesure. tu cherchais où tu étais le mieux. ici, peut être. mais demain non. alors en attendant, pendant que t'aimais encore cet endroit, tu profitais de la vue. t'avais les yeux fixes, le vent qui jouait dans tes cheveux et les doigts tout froids. tu te concentrais sur les bruits. le vent qui souffle, les feuilles qui dansent. et un bruit inhabituel. des pas dans la roche. tu roulais des yeux, tu regardais un peu partout parce que toi, t'aimais pas ces situations. non. puis tu le voyais pas l'inconnu. fallait qu'il se montre. t'allais finir par avoir peur petite ève.
y a quelqu'un ? montre-toi.
peut être que c'était que le vent. peut être.

Arthur est pas là, ou alors il m'énerve. Mais le soleil et le ciel et le vent et l'herbe et la mer me parlent à travers la fenêtre, me crient, viens c'est bien, viens avec nous allez pour une fois. Pour la deuxième fois. Arthur est pas là, mais je veux sortir, je crois que je veux cette fois, vraiment, du cœur, et il y a cette fille qui sort.
Ses cheveux, c'est la nuit.
Alors je la suis. D'un peu loin parce que je suis pas sûr que ce soit des choses qui se fassent, de suivre quelqu'un d'inconnu. Dehors elle est mon repère, mon phare terrestre, sans elle je coule, je tombe. D'ailleurs, elle, elle trébuche, mais c'est juste parce que les pierres qui supportent nos pas sont un sol inégal.
Elle trébuche et puis elle se retourne. Donc elle me voit.
Elle est très belle.
Elle a les yeux un peu plissés, comme si le rire avait tiré dessus, ou alors la tristesse.
- Salut.
C'est comme ça qu'on commence une conversation.
Et pleins d'autres choses.