Tu es assis en tailleur à même le bois brut du Kiosque.
Ici, tu es au sec, à l’abri. Ailleurs les larmes de pluie tombent.
Il pleuvine.
Tu trouves ça beau mais en même temps, tu trouves ça triste. Toi, t’aimes pas trop trouver les choses tristes parce qu’il n’y a que la mort qui l'est vraiment.
Les choses en vie ne devraient ressembler à la mort. Alors t’essayes d’être joyeux, pour oublier la tristesse. La mort aussi.
Là, dans la chaleur de cette fin de printemps, tu fermes les yeux sur le temps comme un courageux fermerait les yeux sur ses peurs.
Tu serres alors ta prise sur ton violon, ton ami, ton amant. Cet instrument verni qui t’a aidé plus de fois que quiconque encore en vie. Il t’accompagne partout et nulle part. Auparavant et plus tard.
Et chaque jour, tu le touches, le caresses en lui faisant murmurer tes sentiments.  
Il est tellement plus simple de s’exprimer par le biais d’un violon. Tellement plus puissant à côté des mots qui sont si superficiels.
Alors tu t’exprimes, les yeux fermés toujours.
La mélodie est douce, lente et entêtante. Telle une berceuse. Tu ne sais pas pourquoi tu joues ça, mais peu t’importe tant que cela ne vire pas au triste.
T’aimes pas t’exprimer avec tristesse. Peut-être est-ce parce que tu penses que si tu tombes la dedans, tu n’en sortiras jamais ? Surement.
Ouais, t’es bien là à combattre la pluie et sa tristesse à l’aide de ton violon.
Tu te fiches qu’on t’entende, tu n’y penses même pas.