(au début, c'était comme une gueule de bois. un cœur brisé. au début, elle était là. puis après elle ne l'était plus. comme une vague.)
I. au début, j'ai vu la mer se retirer loin, vraiment loin. je l'ai vu s'en aller. puis d'un coup, elle est revenue. un raz-de-marée. c'était la vague-elle. elle m'a submergée. plus elle me souriait, plus elle riait, plus elle me touchait, plus je m'enfonçais dans les profondeurs. je n'aurais jamais crut m'y noyer dans son cœur. je pensais pouvoir rester à la surface. mais l'air m'a manqué. elle a supprimé toute trace d'oxygène dans mes poumons et de ses petites mains de douceur, elle a serré mon cœur avec violence. et quand elle a arrêté, il l'était déjà depuis longtemps, mort.
j'ai compris que la vague était passée. mes poumons étaient encore remplis d'eau. mais le goût de l'eau avait changé. il était dégueulasse. amer. brûlant. mon cœur était serré, encore. il était encore sous la forme que son poing lui avait donné. le pauvre.
puis, je crois que j'ai compris qu'un cœur brisé, c'était comme une gueule de bois. les bruits sont trop forts, ta tête voltige et tes poumons brûlent. mais après tout, je n'avais jamais eu de gueule de bois. alors, je me suis jurée de ne plus jamais laisser ma tête sous l'eau, de ne plus jamais boire la tasse.
elle ne m'avait jamais aimé.
(l'amour, c'est toxique. ça pénètre dans tes veines, ça brûle. c'est violent. mais ça cache sa violence derrière des mots doux. l'amour, c'est toxique. un bon poison s'est emparé de ton corps. et à la fin, le poison frappe. il te met à terre, détruit tes organes. l'amour est trop toxique pour être humain. l'amour est inhumain.)
II. ses mains, au début, elles étaient douces. d'une douceur que je ne voulais plus connaître. mais elles m'ont attrapé, et elles ne m'ont plus lâché. je pouvais me débattre, il m'apprivoisait. on dit souvent que l'homme est la brute et la femme est la douce, mais à cet instant-là c'était faux. il a dit qu'il m'aimait. l'alcool-amour a coulé dans ma gorge, il a imbibé mon corps. l'amour coulait dans mes veines. on n'est plus soi-même quand on aime, on n'est plus humain.
puis, ses mains, elles sont restées douces. trop douces. j'étais la poupée porcelaine que l'on ne veut pas briser. mais un jour, il m'a laissé tomber, sans faire exprès. je lui ai échappé, il a dit. mais son cœur, il avait l'odeur d'une autre. il n'était plus mien. il ne l'avait jamais été. mais j'avais été sienne.
il ne m'avait jamais aimé.
(comment peut-on aimer quelqu'un et le briser ? je pense que ce n'est pas possible. quand tu aimes, tu aimes. tu veux créer, protéger. mais briser ? non. alors, j'ai compris. on n'aime pas quand on brise. ce n'est pas de l'amour.)
III. au début, c'était son sourire. le nouvel amour, le réparateur. à la fin, c'était mes larmes.
il ne m'a jamais aimé.
IV. je crois qu'au début, c'était la manière qu'elle avait de me faire l'amour. puis, à la fin, c'était les traces de doigts sur mes joues.
elle ne m'a jamais aimé.
V. ils ne m'ont jamais aimé.
(quelle ironie de s'appeler aimée)