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 lann ✣ les navires échoués se ramassent à la pelle

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MessageSujet: lann ✣ les navires échoués se ramassent à la pelle   lann ✣ les navires échoués se ramassent à la pelle EmptyMer 2 Juil - 21:45

les navires échoués se ramassent à la pelle.


Tu es descendu sur la plage un peu avant l’aube. Tu l’as dit à la dame à l’entrée. Pour pas qu’elle panique si tu oubliais de rentrer pour déjeuner. Tu as déjà causé suffisamment de troubles autour de toi. Tu n’as pas besoin d’entrainer ça. Puis au fond, tu crois que tu n’as pas vraiment très faim.
Du coup, y’a tes pieds nus qui caressent le sable encore froid.
Puis y’a le bruit des vagues.
Et le ciel qui se teinte de rose orange.
C’est beau. Toujours.
Tu aimes bien pouvoir admirer le lever du jour.
Parfois, ça te fait du bien, d’avoir le droit de voir l’éveil des nouveaux jours. C’est apaisant. Tu te sens un peu plus vivant. Ça donne un peu de chaleur à ton cœur. C’est l’alinéa des débuts de chapitre. C’est la préparation au commencement.

Du coup, tu t’es assis dans le sable, et y’a les vagues qui viennent lécher tes pieds. Tu crois que tu retrouveras ton short trempé. Tant pis. Il n’y a pas de tenue convenable pour attendre le soleil. Juste des yeux pour regarder.
Le voilà qui pointe le bout de son nez.
Tu ne comprendras jamais comment il fait au commencement, pour aller si vite, puis pour trainer si longtemps dans le ciel ensuite.
Peut-être que la boule de feu ne veut être vue que sous son plus beau profil. Eblouissante, au meilleur de son humeur, surplombant l’univers. Reine du ciel. Reine de son monde de glace.
Toi, c’est au matin, avec sa douceur et ses cheveux un peu emmêlés, que tu aimes la voir se lever. Avec cette vitesse particulière, un peu timide, les joues rouges. Elle colorie le ciel de ses couleurs pâles et chaudes. Aux aurores, Madame Soleil laisse échapper son amour.
Puis, elle se pare d’un masque impénétrable.
Et elle recommence doucement son manège lorsqu’elle s’en va.  
Tant pis.
Tant pis, peut-être qu’elle ne comprend rien.
Tant pis, parce que c’est cette course avec le temps et les moments qui t’aide à te lever aujourd’hui.

Tu sens ses rayons qui réchauffent doucement ta peau. Tu n’as fermé les yeux qu’une fois que l’étoile eut quitté la ligne de l’horizon. Tu respires lentement.
Tu as laissé ta chemise sur le sable.
Tu t’es levé.
Tu as glissé tes pieds dans l’eau, lentement.
L’eau est arrivée à tes genoux, puis elle a caressé tes hanches.
Une vague t’a fait rentrer le ventre.
Lentement, tu t’es enfoncé encore dans la mer qui s’éveillait.
Tant pis pour tes cheveux qui vont s’amuser à boucler dans tous les sens. Tant pis pour le froid qui va engourdir ton être. Tant pis pour l’humidité qui fera flétrir la paume de tes mains. Tu laisses ton corps faire communion avec l’eau.
Tu nages, doucement, alors que tu te laisses traîner par les vagues.
Tu crois, que, quand tu sortiras d’ici, ton âme s’agitera un peu sous les roulis.

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MessageSujet: Re: lann ✣ les navires échoués se ramassent à la pelle   lann ✣ les navires échoués se ramassent à la pelle EmptyMer 9 Juil - 21:08


T'arrivais pas à dormir. Tu t'es tournée, et retournée, dans ton lit. Dans tous les sens, des milliers de fois, au moins. T'étais crevée, pourtant. Mais l'insomnie, elle s'en fichait. Elle t'a attrapé, encore une fois. Elle s'amuse avec toi, depuis quelque temps. Elle aime jouer avec toi, l'insomnie, et il n'y a rien que tu puisses faire quand elle gagne. Elle a réveillé tes membres engourdis et ta mémoire douloureuse.
Physiquement, ton corps s'était un peu fatigué sur la route. T'avais beaucoup marché. Pour profiter de la nature, des sensations. Pour redécouvrir la vie. Pour découvrir le monde. T'avais jamais fait ça avant. T'en as passé, des nuits à la belle étoile. T'avais pas forcément dormi dans un vrai lit à chaque nuit. Ça te posait pas vraiment de problème. Mais ça t'avais fatiguée, quand même un peu.
Mentalement, tes pensées te maintenaient souvent éveillée. Tu te demandais si t'avais bien fait. Si quelqu'un t'en voulait. Si quelqu'un s'inquiétait. Avait demandé ou cherché après toi. Tu te demandais si on t'en voulait. Si on avait compris, ou pas. Si on cherchait à comprendre. T'aurais aimé pouvoir parler. Pouvoir lui parler. Lui expliquer. Lui dire de pas s'inquiéter. Que tu voulais juste essayer d'oublier. Pour aller mieux. Partir, pour me mieux revenir.
Mais t'as pas pu. T'avais peur qu'elle comprenne pas. Qu'elle essaie de te retenir. T'en as imaginé, des dialogues entiers. Que tu aimerais lui tenir. T'en as, des choses à dire. Mais tu sais jamais trouver le bon moment. Tu sais jamais trop comment amener les choses. Tu sais même pas si tu devrais les dire, ces choses. T'en ai convaincu, pourtant. Mais t'as un doute, quand même. T'aurais pas envie de mal faire, encore. T'as peur au fond. De pas savoir t'expliquer. Ça t'était jamais arrivé avec quelqu'un avant. T'arrivais toujours à trouver les mots, avant. Avant elle. Elle t'as fait perdre les mots. Devant elle, tu deviens muette. D'admiration peut-être. De peur, un peu, aussi. Tu penses valoir tellement moins qu'elle. Tu te sens bête, souvent.
Alors, tu restes éveillée. Le sommeil troublé. Tout ça, ça te revient à la nuit tombée. Avant de t'endormir, ça s'éveille. Comme si, tout d'un coup, la nuit, tes souvenirs s'animaient. Comme des spectres venus d'ailleurs. Des fantômes lointains. Endormis le jour, pourtant.
Repliée en boule dans ton lit, ton esprit s'active. Malgré toi. Tu ressasses.
Parfois, c'est les souvenirs idiots. Mais blessants, pourtant. De petites choses, sans importance, que tout le monde oublie. Tout le monde, sauf toi. Tu te souviens de beaucoup de petites choses insignifiantes, mais qui suffise à te faire pleurer. Des moments qui t'ont piqué, qui t'ont blessé. D'autres fois, c'est les questions existentielles. Les profondes réflexions. Des questions auxquelles on aimerait tous avoir les réponses, tu crois. Qu'est-ce qui va m'arriver ? Où tout ça va me mener ? Qu'est-ce que je vais faire pour me sortir de là ? Est-ce que je suis pas un peu cinglé ?  
Comme l'a dit Freud, «Le moi n'est pas maître dans sa propre maison.» Et tout ça, se produit malgré toi.

Tu t'es levée, alors. Tu t'es assise sur ton lit, d'abord. Pour reprendre tes esprits, un peu. Tu as regardé autour de toi. Tu n'étais pas encore très habituée à ta chambre à L'Endroit. Une pièce plutôt grande. Un deuxième lit vide. Il t'arrivait encore de te demander où tu étais, lorsque, brusquement, tu étais tiré de ton sommeil. T'as essayé de la décorer avec ce que tu avais. T'avais pas pris beaucoup de photo. T'avais surtout des vêtements, et ton doudou. Des livres aussi, pour tuer le temps. T'avais rangé tout ça, dans les placards.
Par la fenêtre, tu voyais le jour poindre. Doucement. Tu t'es approché. C'était beau à regarder.


La vue doit être magique de la plage. Avec le bruissement des vagues. Les reflets sur l'eau. Jaunes orangés. Et le bleu du ciel, et le blanc des nuages. Un magnifique paysage pour y perdre ses yeux. Il faut que je sois là-bas, demain. Sur la plage. Au petit matin. Pour admirer ce spectacle grandeur nature.

Tu veux recolorer ton esprit, avec des instants comme celui-ci. Ton esprit grisé, et embrumé. Avec des ciels de couleurs plus vives. Et des paysages. Puis peut-être de nouveaux visages.

Je suis descendu, alors. Sans faire de bruit. Il était encore tôt. C'est plutôt rare de croiser des gens à cette heure là. Enfin, je crois. Ils dorment tous encore, à poings fermés. Sauf peut-être quelques insomniaques, s'il y en a.
Il fait frais au dehors. C'est plutôt agréable. Je respire la fraîcheur à grands coups. Pour aérer mon esprit. Pour le débarrasser de l'épaisse fumé toxique de la nuit. Des vapeurs noirâtre. Des questions. Des «Et si...»

L'air marin te fais du bien. T'as marché un peu sur la plage. Les pieds nus. Sur le sable encore frais. Dans la brise légère. Qui caresse le bas de tes jambes. Qui soulève tes cheveux colorés. Doucement.
T'as trouvé des vêtements étendus sur le sable. Quelqu'un assez courageux pour aller se baigner. T'as regardé autour de toi. Il était là, pas très loin. Le corps perdu dans les vagues. La tête dans les nuages. Il était de L'Endroit, tu l'as reconnu. Un matinal. Un insomniaque, peut-être.
Tu t'es assise, pas très loin. Tu t'es dit qu'il était peut-être temps de tisser un lien. D'essayer, au moins.


Je perds mes yeux dans le lointain. Les vagues chantent le levé du jour, tandis que le soleil finit de s'élever lentement.

T'allais peut-être rester là jusqu'à ce qu'il revienne. Ou peut-être pas.



C'est bizarre et mal écrit, c'est le gâteau. lann ✣ les navires échoués se ramassent à la pelle 1205030920 lann ✣ les navires échoués se ramassent à la pelle 676758067  
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MessageSujet: Re: lann ✣ les navires échoués se ramassent à la pelle   lann ✣ les navires échoués se ramassent à la pelle EmptyVen 11 Juil - 20:36

les navires échoués se ramassent à la pelle.

Elle est apparue entre deux vagues. Elle a les cheveux couleur sang dilué. Tu crois que c’est son cœur qui saigne. Ca déteint sur sa chevelure. Il y a la douleur qui tente de s’échapper par ses racines. Tu plonges ta tête dans l’eau.  
C’est froid.
C’est beau.
Tu ouvres les yeux.
Ça pique un peu.
Tu imagines tes cheveux qui se rebellent dans tous les sens, et tes joues gonflées d’oxygène. Tu voudrais garder tout ça.
Le monde est trouble.
C’est l’eau et tes prunelles usées qui font ça.
Tant pis. Tu te perds dans la surface à peine opaque. Tes pieds remuent le sable. Tu jettes ta tête au milieu des vagues.
Tu crois que tu es glacé.
Mais bouger un peu te donne la fausse sensation d’être réchauffé. Ton corps se donne les moyens de te donner ce soupçon d’illusion.
C’est rassurant.
C’est réconfortant de voir que ton corps peut encore faire semblant.

Et puis la fille ?
Ah, oui.
Là, de suite, tu n’as pas envie.

Encore deux minutes.
Le temps de finir ta communion avec l’océan.
Elle peut attendre.
Tu raconteras que tu ne l’as pas vue, si elle te demande pourquoi tu ne la retrouves pas.
Au pire, elle te rejoindra.
Tu secoues la tête. Tu n’es pas tellement sympa.
Au pire, elle comprendra.
Tu veux te retrouver dans l’eau. Tu en as besoin. Pour bien démarrer le matin. Pour avancer encore. Au fond, tu crois que la chevelure rouge, elle devrait, elle aussi, se trouver une raison d’exister. Elle est encore trop jeune pour vivre comme si elle était morte. Elle a des milliards de choses à voir. Des milliers de personnes à rencontrer. Un jour, peut-être qu’elle comprendra qu’il y a quelqu’un qui l’attend quelque part. Peut-être qu’elle comprendra que ce n’est pas de sa faute. Que son amie s’est brisée l’âme contre les rochers. Qu’elle non plus, ne comprend plus. Qu’elle tourne en rond, sans savoir comment avancer. Elle tente, pourtant. Mais elle ne sait plus quoi faire de son cœur sanguinolent. Elle l’a là, dans la main, sans savoir comment le remettre à sa place. Alors, elle l’a jeté au loin, dans la mer. Elle espère que l’océan va l’emporter. Et ça laisse une plaie béante au milieu de la poitrine. Personne n’est à blâmer. Ni Lann, ni l’autre. Un jour, les deux le comprendront, et elles se pardonneront.
Mais est-ce que tu t’es mieux comporté, derrière tes grands mots ?
Non.
Bien sûr que non.
Tu t’es noyé.
Tu as voulu avaler trop de liquides, translucide ou coloré, et tu as voulu t’endormir pour une ou deux éternités.
Une vague fouette ton dos.
Tu te laisses tomber.
Tu interdis ta tête de penser.
Encore quelques secondes.

Ton corps a hurlé que tu avais froid.
Il est temps de s’en aller.
L’océan t’a craché sur la plage, et tu t’es relevé. Tes pieds se sont enfoncés dans le sable.
Ton tee-shirt te colle à la peau.
Tu l’as retiré, quelques secondes, pour l’essorer, avant de l’enfiler à nouveau. A présent, il est un peu plissé.
Tu t’es dirigé vers ton tas de vêtements. Et la demoiselle tatouée. Doucement.
« Bonjour, Lann. » Tu sais pas trop quoi faire d’autre. Tu pourrais lui serrer la main. Tu pourrais lui faire la bise. Ou lui faire un câlin. Tu ne sais pas tellement quoi lui dire. Alors, tu tentes un sourire. C’est déjà bien. Ca fend ton visage en deux.
Tu fouilles dans tes affaires pour retrouver tes lunettes, et tu rabats en arrière les cheveux qui te cachent les yeux.
Tu y vois un peu mieux.
Bien que le sel pique encore un peu tes prunelles.
« Tu étais venue voir le lever du soleil ? »
Tu t’es assis à ses côtés, après avoir un peu hésité. Tant pis pour le sable. Tu l’ôteras lorsque ta peau tatouée aura séchée. Tu as ramené tes jambes près de toi. Te voilà roulé en boule, le poil tout hérissé. Tu as la chair de poule. Tu l’observes un moment. Elle a les traits tirés. Elle semble fatiguée. « Tu as fait un mauvais rêve ? » Peut-être que c’est ce qui la maintient éveillée. Peut-être que c’est ce qui l’a amenée à te retrouver, de si bon matin.

Mais non, c'était très bien. I love you
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MessageSujet: Re: lann ✣ les navires échoués se ramassent à la pelle   lann ✣ les navires échoués se ramassent à la pelle EmptySam 12 Juil - 20:09


T'étais pas venu chercher de la compagnie. En fait. Tu t'attendais pas à voir quelqu'un de si bon matin. Mais tu t'es dit que t'aurait peut-être l'air malpolie. T'avais pas l'intention d'aller encore bien loin sur la plage. T'allais pas te mettre à dix mètres, et faire comme s'il n'y avait personne. T'aurais pu. Ou t'aurais pu aller ailleurs. Mais t'es là. Tu voulais pas déranger. T'allais peut-être même pas rester.  
T'étais fatigué. Tu voudrais dormir un mois durant. Entrer en hibernation. Et retrouver le monde sous un nouveau jour. Un nouvel œil, aussi. Tu voudrais te changer toi, et tu voudrais que le monde change. Parce que le monde, il est affreux. Tout moche et pas beau.
Mais ici, t'es un peu dans ton monde à toi. L'Endroit, c'est un peu un monde à part, un monde parallèle. Un monde loin du vrai monde. Loin de tout. Loin du gris du noir et de l'horreur que t'as pu y voir. Une bulle. Pas loin de tous les malheurs, pourtant. Parce qu'ici, il y en a, des malheurs. Des gens malheureux, aux sourires figés et aux âmes brisées.
Mais ici, on essaie de réparer. Réparer les blessures causés par le Monde, qui ne fait lui, que les empirer. Les agrandir. Les plaies déjà béantes. Tu crois qu'être ici, loin du Monde, ça peut faire du bien. Pour essayer de refermer un peu les cicatrices, avant de retourner s'en faire de nouvelles. Ça apaise les esprits. Ça met du baume au cœur. Tu crois.

Et toi, t'es là, et tu fais que l'aimer. Tu peux pas faire autrement. Parce que tu ne sais pas faire autrement. T'as oublié comment on vit, sans l'aimer.
T'aimerais tout arrêter. T'aimerais que ce soit simple. T'aimerais claquer des doigts, comme par magie que tout s'arrête. Et tout redeviendrais comme avant. Tout, comme avant la tempête. Ça serait beau, ça serait simple.
Mais tu peux pas. Parce que ça serait trop simple, justement. Trop simple, que ça en serait pas drôle. Ben non. La vie c'est pas simple, c'est bien connu. C'est pas drôle non plus. La vie, c'est pas tout bien fait et tout bien tracé. Et pourquoi la vie, ça devrait être drôle, d'ailleurs ? Non, la vie, c'est quelque chose de très sérieux au contraire. La vie c'est quelque chose de précieux, il paraît. Les médecins, ils sont sérieux. Parce qu'ils ont des vies en jeu, entre leurs mains. Et les vies, c'est précieux. C'est pas drôle. Et si le médecin, il voulait faire le clown, et qu'il donnait un mauvais médicament, juste pour voir ce que ça fait ? Ça serait pas beau. Non ça serait pas beau du tout. Alors pourquoi la vie, elle jouerait au médecin-clown et pas au médecin-sérieux ? Hein, pourquoi ?
Ou alors, tu fais partie «des aléas d'la vie». Ce petit nombre de patients qui meurent on sait pas pourquoi. Ce petit nombre de personne destinée à être malheureuse, sans jamais savoir pourquoi.

La vie, elle s'fou de notre gueule, ouais. La vie, elle aime nous voir en miette, nous voir en pleur, nous voir en baver. La vie, elle aime nous assassiner.
La vie, tu crois que tu pourrais la pulvériser. Tu pourrais lui taper dessus jusqu'à en crever, jusqu'à ce que t'ai plus de force. Jusqu'à ce qu'elle t'assène un coup fatal, parce que, tu sais que tu peux pas gagner contre la vie. La vie, elle fait de nous des pantins, et elle s'amuse. Elle rigole bien, de nos conneries. De nos misères, de nos rêves qui deviennent cauchemars. Mais t'aimerais la défoncer. Pour te défouler. Tu pourrais lui taper dessus, juste par plaisir. Mais personne y croit, autour de toi. Eux, ils disent qu'« il faut prendre la vie avec philosophie ». Mais toi, tu t'en fous de philosophie. Toi, tu voudrais prendre la vie, et la broyer, la tabasser, la balancer la noyer la découper, l'envoyer au fond de la mer devant toi.
Parce que dans cette histoire, c'est la faute de personne. Tu le sais. Mais c'est la faute de la vie. C'est la vie qui est faite comme ça. C'est la vie qui a fait les choses comme ça. Elle te fait aimer une personne qui t'aime pas. Elle pourrait te retirer ça, la vie. Les sentiments, et le tralala. Le cœur qui bat, quand les souvenirs sont là. Les larmes aux yeux, quand une chose totalement inattendue te fait remémorer tout ça. Mais non, elle veut pas, la vie. Parce que c'est une garce la vie. Une garce, une putain de garce. Et on te dira « C'est comme ça ». Et pourquoi tu devrais t'en contenter ? Et pourquoi c'est comme ça ? Et pourquoi ça pourrait pas être autrement, d'abord ? Pourquoi c'est à la vie de décider, pourquoi nous, on pourrait pas se défendre un peu, dans tout ça. Pas se laisser faire. Pourquoi on pourrait pas ?
T'aimerais qu'on t'explique. Le principe. Parce que t'as pas dû tout suivre. T'étais pas là tout du long, t'as dû manquer un cours, ou quelque chose comme ça. Un cours, où on «apprend à faire avec». Où on sait que «ça s'arrangera, tu verras». Un truc, pour comprendre, les trucs que tu comprends pas.

Puis au fond, t'as pas tellement envie que ça s'arrête. T'y crois toujours, à l'espèce de prise de conscience. Comme dans les films. Les films.Tu rêves ta vie en film. T'es pathétique là tout de suite. T'es pathétique, tellement ça sonne presque irréel. Presque. Y'a ce «presque». Ça te fait y croire. Y'a une force invisible. Quelque part. Au fond de toi ou ailleurs. Et ça te donne des images et ça te donne des rêves. Est-ce que ça te donnera aussi la réalité ? T'espères, t'y crois. T'attend. Tu pourrais attendre toute une éternité. Même deux, tu crois.
Tu crois que la vie, peut-être la vie peut être bien faite. Alors elle te fera une fleur. Une faveur. Un truc, qui fera du bien à ton cœur. Alors, elle te ramènera peut-être aux bras, et aux mains et aux doigts et aux lèvres et au sourire de celle que t'aime.
Ou elle te fera tout oublier.
Mais t'es pas persuadé. Cette option t'enchantes pas. T'arrives pas à croire qu'au fond, la vie t'as fait endurer tout ça, te fait endurer tout ça. Pour te la faire oublier. Ça aurait pas de sens non.
Et, en même temps, qu'est-ce qui a du sens, ici bas ?
La vie, elle peut se foutre de toi. Parce que la vie, elle peut faire ce qu'elle veut. Elle peut créer l'amour, elle peut détruire des corps. Blesser les cœurs et massacrer les gens. Empoisonner les vies et torturer les esprits, et les cœurs, et les enrouler dans une torpeur juste pour s'amuser. Jouer. Rigoler. Du malheur. De la souffrance. De la perte.
La vie, elle peut très bien se foutre de toi.
Et toi t'es bête stupide imbécile. Toi t'es là, tu sais pas trop où d'ailleurs. Tu sais pas quoi croire. T'as mal à la tête de réfléchir. Alors tu crois en une chose. Tu crois en l'amour. Comme dans les films, certes. Mais tu te dis que la vie ne pas être une horreur complète.
Et parce que si c'est le cas, tu connais déjà la fin. La fin de la tienne.


«Bonjour, Lann.» Il est revenu, je l'avais pas vu. C'était Eddie. J'avais pas fait attention. J'avais le regard perdu dans le lointain. Sans même voir vraiment ce qui se dressait devant moi. J'étais absente, pas là.
Il tire un sourire. Je fais de même, et je lui renvois son bonjour. Il fouille dans ses affaires. J'en profite pour reconnecter mon cerveau. Il faut pas trop que je m'enterre dans mon esprit. Pas toute seule. C'est dangereux.
«Tu étais venue voir le lever du soleil ?» Il hésite. Je sais pas s'il se sent obligé, ou s'il veut vraiment parler. «Pas vraiment, au départ. J'étais venue marcher. Prendre l'air. J'arrivais pas à me rendormir. Puis j'ai vu le spectacle de ma fenêtre. Ça m'a donné envie de sortir. Est-ce que c'est ça, qui t'as fait te lever si tôt, toi ?» Ça, et la baignade, tu crois. «Je pense que je vais revenir, demain. Voir le levé du soleil. Ça sera beau, sûrement.»
Tu le sens t'observer. Tu dois avoir une sale gueule. T'as l'impression de pas avoir dormis de la semaine. Tu réprimes un bâillement, tu te frottes les yeux. T'aurais peut-être dû aller te baigner pour te réveiller. Mais tu peux pas. Le sel t'aime pas. «Tu as fait un mauvais rêve ?» On pourrait dire ça. «Plutôt une insomnie.», tu dis. Tu le regardes. Tu fais un sourire. Pour avoir l'air normale. Pour avoir l'air aimable. «Tu te lèves souvent tôt, comme ça ?» 
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MessageSujet: Re: lann ✣ les navires échoués se ramassent à la pelle   lann ✣ les navires échoués se ramassent à la pelle EmptyMar 15 Juil - 18:48

les navires échoués se ramassent à la pelle.

Est-ce qu’au fond, ça ne vaut pas le coup de souffrir pour s’être senti un peu aimé ?
Est-ce qu’au fond, vous êtes obligés de vous noyer dans les regrets ?
C’est vrai, quoi.
C’était beau.
C’était doux.
C’était vous.
Mais maintenant, c’est terminé.
Peut-être qu’il ne faut pas pleurer. Il faut s’accrocher un peu. Sinon, on tombe.
Est-ce que les gens se laissent parfois tomber, sans chercher à s’accrocher ?
C’est peut-être par crainte de s’écorcher à la réalité.
C’est peut-être par crainte de faire éclater le passé.
C’est peut-être pour sentir le vertige, les organes qui glissent vers le haut. La peur au ventre. Peut-être que c’était pour ça que vous vous étiez laissés tomber. Elle et toi. Vous aviez attendu une fracassante chute au fond. Il n’est pourtant toujours pas arrivé. Alors, tu as pris peur, et tu as tenté de t’accrocher aux parois du puit. Tu t’es rappé le cœur et les coudes sur les pierres. Ça brûle. C’est la vie qui brûle. Au fond de vous. Petite flamme tremblotante. Coup d’oxygène, ça la rallume. Le choc qui vous a coupé le souffle vous a ensuite obligé à inspirer.
Vous avez crié comme les bébés.
Quand on rêve, on oublie de respirer.
On ne s’en rend plus compte.
On croit qu’on ne sait pas faire.
Que ça ne nous a jamais été donné.
Alors, forcément, quand ça revient, ça fait un choc.
Ça vous ébranle. La vie vous met à genoux. Pour vous donner l’envie de vous relever. Parfois, on le fait. On comprend, et on s’y met. Parfois, on courbe l’échine un peu plus fort encore, et on attend que notre tête chute à nos pieds. On  croit qu’on ne comprend plus, peut-être parce qu’on ne veut plus, et on se dit perdu.
Est-ce que tu as vu la main tendue ?

« Pas vraiment, au départ. J'étais venue marcher. Prendre l'air. J'arrivais pas à me rendormir. Puis j'ai vu le spectacle de ma fenêtre. Ça m'a donnée envie de sortir. Est-ce que c'est ça, qui t'as fait te lever si tôt, toi ? » Tu hoches la tête. Doucement. « Je pense que je vais revenir, demain. Voir le lever du soleil. Ça sera beau, sûrement. » Tu souris, doucement. « C’est beau, oui. Ça donne l’impression d’être quelque chose, et rien du tout à la fois. Ça me donne envie de me lever le matin. Et de faire quelques pas, jusque -là, pour sentir le sable sous mes pas, et la lumière qui me brûle doucement les yeux. »
Tu ne mens pas.
Tu es là pour vivre un peu. Un peu mieux. Peut-être pas cent ans de plus. Peut-être que tu n’espères pas le paradis non plus. Tu veux juste quelque chose qui te donne le droit de respirer un peu. Une bouffée de plus. Aujourd’hui, tu tentes de vivre pour la seconde d’après. Demain, tu vivras pour un lendemain. Puis pour une semaine. Puis pour un mois, un an, dix ans. Jusqu’à la fin. Jusqu’à ce que quelqu’un, quelque part, dise ‘‘stop, c’est bon, c’est terminé, maintenant, tu as le droit d’aller te reposer’’. Alors, il pressera le bouton ‘off’ de ton être, et ton cœur cessera de s’agiter. Faudra l’accepter. Il ne faut ni craindre la fin, ni la provoquer. Tu tentes de te le mettre en tant que principale idée.
Tu espères que ça va marcher.
Même si le monde tente de te faire trébucher.
« Plutôt une insomnie. » Tu sors de ton univers, deux minutes. Elle a un sourire sur le bord des lèvres. Avec ses mots précédents, c’est étrange, finalement. Mais elle est jolie. Tu hoches la tête, doucement.
« Tu te lèves souvent tôt, comme ça ? » Tu hausses les épaules. Oui. Je regarde le monde qui dort. Ça me repose. Puis les couleurs de l’aube sont belles à voir, aussi. » Tu souris.
Peut-être que tu as peur que la nuit ne t’attrape trop fort, aussi. Peut-être que tu crains les mauvais rêves, les remords qui menacent de t’attraper quand tu es endormi. Peut-être que tu crains tout ça, au fond.
Tu dors rarement longtemps.
Plus maintenant.
Tu regrettes ?
Non, probablement.
Les matins et les visages apaisés sont trop exceptionnels pour tenter de les cacher.
« C’était les questions qui t’éloignaient du sommeil ? » Tu lui demandes lentement.
Peut-être que ça l’avait attrapé comme ça. Peut-être qu’elle s’y perdait, et qu’elle ne trouvait plus sa voie. Une issue, une sortie, un panneau clignotant dans la nuit. Peut-être qu’elle s’égarait au fond de son puit.

« J’aime bien la mer, cela dit. » Tu laisses tes yeux océans s’en aller au loin. L’écume s’éclate sur la plage. Elle épouse le sable à chaque vague. C’est beau, au fond. C’est un agréable univers mousseux qui tente d’atteindre vos pieds. « Elle est faite de bruits et de couleurs qui reposent. » Même si celle-ci est glacée. Elle te fait sentir vivant. Tu souffles, doucement.
Ça te fascine, au fond.
Le bruit des vagues.
Le souffle du vent.
Le chant des goélands.
Et puis l’odeur des embruns, les différents sables, les dunes, le sel, les rochers attaqués, et les nuages parfois cotons.  
« Tu veux qu’on aille marcher ? » Pour vous éveiller doucement. Puis peut-être laisser les mots défiler, à la vitesse du temps.
Peut-être qu’elle venait pour se reposer. Pour laisser les mots se poser. Entrepôts de souvenirs et de rêves délaissés.
Pour apaiser, tout doucement, les cicatrices de son cœur brisé.
Peut-être que le sel l’a trop rongée.
Elle reste là, l’esprit perdu, à s’oxyder.
Sans penser à lutter.
Tu te demandes si, au fond, Lann, elle n’est pas un peu comme toi.
Si un jour, elle n’a pas pensé à abandonner.
A partir de là, à tout laisser.
Tu te demandes si elle veut vraiment se réveiller.
Pour exister.

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MessageSujet: Re: lann ✣ les navires échoués se ramassent à la pelle   lann ✣ les navires échoués se ramassent à la pelle EmptySam 9 Aoû - 22:01


Tu voudrais devenir froide. Glacée. Pas bleue, pas morte. Juste glacée. Sans sentiments. Plus rien, le néant. Tu crois que ça te ferait du bien. De plus ressentir. D'appuyer sur pause. Pour un instant, ou pour plus longtemps. Ça ferait plus mal, au moins. C'est tout ce que tu cherches au fond. Ne plus avoir mal. Tu te fiches de te sentir vivante ou non. Tu veux stopper la torpeur qui envahit ton cœur. Qui l'alourdie. Qui l'empêche de battre son rythme régulier. Qui t'empêche de respirer. T'as le cœur atrophié. Ça suffit pas, un cœur comme ça, pour un grand corps comme t'as.

T'aurais aimé t'éteindre en même temps que son amour, presque. T'es plus qu'une toute petite flammèche. Tu brûles et éclaires à peine. T'attends le coup de vent qui viendra t'éteindre. Le trop plein, la goutte de trop. Si ça se passe comme ça. Si elle t'aime pour «plus jamais de la vie.»
Au fond, t'es ici pour essayer de faire comme si. Tu vis pas. Pour l'instant ça va. Mais tu sais que ça durera pas. Tu le sens au fond de toi. Un genre d'intuition, encore. Une. Une dernière. Tu sais que ça évoluera. Que ça restera pas comme ça. Supportable. La vie, elle suivra son cours. Tout le monde le suivra. Mais tu sens que toi pas. Tu laisses le temps venir à toi. Tu consoles un peu ton cœur, et puis ça repart. Mal. De travers. Tu sais que t'y arrivera pas. Tu seras à contre-courant, agrippée quelque part, pendant un moment. Puis tu laisseras la mer ou l'océan te submerger, et t'emporter, pour de bon. Enfin. La paix. La mort, ça t’effraie pas. Tu crois même qu'elle sera comme un soulagement, quand finalement, elle arrivera.
A moins d'un miracle. D'un coup de pouce de la vie. Un lavage de cerveau. Un accident, qui te ferait perdre la mémoire. Tout oublier. Tu pourrais tout recommencer. Si t'en avais le cœur.
Le cœur, tu sais pas trop si tu l'as. Il y a des jours où il est là, et des jours où il y est pas.

T'as jamais trop su ce qu'il y avait à comprendre. Quand on en a marre de se prendre des coups dans la gueule, est-ce qu'on se relève pour en reprendre à nouveau ? Ça serait idiot. D'où elle pourrait venir, cette envie ? Toi tu l'as pas, ou tu l'as plus. T'as encore du louper un truc, quelque part, tu crois. L'explication, le mode d'emplois. T'as jamais trop compris comment être par terre pouvait donner envie de se relever. T'as jamais compris comment on pouvait pas être usé. Au final, t'as fini par te contenter du par-terre. Peut-être juste pour un moment, ou peut-être que tu te relèveras jamais. Tu sais que tu peux pas rester invaincue face à la vie. Tu penses, qu'il y a des personnes comme toi, quasiment désigner à rester par-terre, tandis que les autres restent debout et tombent rarement. Tu te demandes parfois s'il faut pas savoir l'accepter, et arrêter de vouloir se relever à tout prix. Ça rime à quoi, au final ? Pour retourner voir le sol d'un peu plus près, la prochaine fois ? Te relever pour retomber ? C'est quoi, l'intérêt, le but ? Tu vois ça comme une perte de temps. Autant abréger les souffrances. Rester par-terre, pour trouver le cran de tirer son ultime révérence.

Il hoche la tête, il tire un sourire. Tu fais de même, après l'avoir écouté. «C’est beau, oui. Ça donne l’impression d’être quelque chose, et rien du tout à la fois. Ça me donne envie de me lever le matin. Et de faire quelques pas, jusque-là, pour sentir le sable sous mes pas, et la lumière qui me brûle doucement les yeux.» Tu comprends ce qu'il veut dire.

«Oui. Je regarde le monde qui dort. Ça me repose. Puis les couleurs de l’aube sont belles à voir, aussi. » Il sourit encore. Ça doit être une habitude agréable, oui. Une douce alternative aux longues nuits sans sommeil. Un autre spectacle pour les yeux que les cauchemars. Tu souris aussi. Au fond, tu l'envie. «Je vois.» Tu dis, pour lui répondre, quand même.

«C’était les questions qui t’éloignaient du sommeil ?» Tu te concentres sur la mer en face de toi. Sur son bleu profond au lointain. Tu cherches une réponse simple à lui donner.
Les pensées. Qui amènent inévitablement les questions. Les pourquoi. T'as finis par te dire qu'il n'y avait pas vraiment de raison, et que c'était comme ça. T'as jamais vraiment eu d'explication, alors tu te contentes des suppositions. Puis quand elles flanchent, tu te poses encore mille questions. Qu'est-ce que j'ai fait ? Au final, t'as finit par croire que c'était «la vie». «C'est la vie, c'est comme ça.» Mais toi, t'aime pas le «comme ça», le comme c'est devenu. Alors tu hais la vie. Parce qu'au final, s'il y a pas de raison, pourquoi ça s'est passé comme ça ? Pourquoi pas autrement ? Pourquoi en pire, et pourquoi pas en mieux ? «C'est la vie», qu'ils te disent. La vie. Tu t'imagines souvent une espèce de force là haut. Pas forcément un dieu, parce que «Dieu est bon.» Mais une espèce de chose un peu obscure, qui joue avec nous. Et qui rit de nous. De ce qui nous arrive de mal. Et tu la hais, cette force obscur qu'est la vie.
Et si ça avait pas été comme ça, et si ça avait été autrement, comment ça aurait pu être ? Et si tu l'avais jamais rencontrée, et si, et si... Tu imagines, alors. Ça t'apporte pas vraiment de réponses, ou ça te fait davantage regretter.
Au fond tu sais même plus ce que ça veut dire «aller bien». Ces mots là n'ont plus aucun sens. Au fond tu sais plus comment faire sans la tristesse. Elle fait partie de toi, comme tes poumons ou ton estomac.
T'as besoin d'aide. Au fond, c'est pour ça que tu es venue. Ici, t'espères retrouver un chemin. Un chemin qui mène quelque part d'autre que dans l'infinie tristesse, l'infinie horreur. T'aimerais qu'on t'aide à redonner des couleurs au monde que tu vois. A travers tes yeux, plus rien n'a de couleur. T'essaie de saisir des instants, pourtant. Mais seule, tes démons te rattrapent bien vite. Seule, tu n'arrives à rien.

«Oui.» Tu réponds simplement. Puisque au final, dès que tu en dis un peu plus, ça devient compliqué. A suivre, et à expliquer. Et puis, là tout de suite, t'as pas vraiment envie d'en parler. T'as pas envie de remuer. Tu remuais déjà suffisamment toute seule tout ça. T'étais sortie pour pas penser. T'avais envie de passer un moment agréable. Un quelque chose dont tu pourrais te rappeler quand tout redevient noir fade et gris. Pour recolorer le monde.

«J’aime bien la mer, cela dit.» «Elle est faite de bruits et de couleurs qui reposent.» Tu te concentres alors sur le bruissement des vagues, et tu fermes les yeux. Tu inspires profondément, pour ne penser à rien. Juste écouter. Les vas et viens. Et puis le cris du goéland. Tu aimerais suspendre le temps. Faire durer cet instant. Un petit moment de répit. Tu te sentirais presque bien, si tu savais que ça durerait. Mais le temps revient et t'attrape. T'emporte dans l'instant d'après. Le temps est tueur. Tueur d'instants. Tu rouvres les yeux, finalement. «Je crois que j'aime aussi.» Et tu souris. Tu essaies.

«Tu veux qu’on aille marcher ?» «Oui, pourquoi pas.» Tu réponds en souriant. Si ça pouvait te fixer les idées sur quelque chose de positif.
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MessageSujet: Re: lann ✣ les navires échoués se ramassent à la pelle   lann ✣ les navires échoués se ramassent à la pelle EmptyLun 25 Aoû - 21:11

les navires échoués se ramassent à la pelle.

C’est bête de croire en rien.
C’est bête de perdre espoir, puis de se retrouver dans le noir, à vouloir avancer, à tâtonner, et à se cogner dans les murs. Après, on s’arrête parce qu’on est trop désespéré.
Et on avance plus.
A bien regarder, on menace même de reculer.
On s’accule à un précipice, et on se dit qu’on n’a plus d’autre choix que de sauter. Que c’est comme ça, et que ça se finira enfin.
On tente de sauter.
On se jette du haut de la falaise, et on espère se crasher en bas.
En ange déchu.
On est tellement désespéré qu’on ne se rend même pas compte qu’il suffisait juste de pousser la marche avant pour avancer. On n’arrive même plus à se rendre compte que les monstres sont dans la tête, qu’ils n’existent pas en vérité. Qu’il n’y a personne pour nous repousser.
Un jour, elle se rendra peut-être compte que les gens sont là. Qu’ils tiennent à son âme, même s’ils ne la regardent pas.
Tout le monde a sa place, ici.
Tu crois que toi aussi, tu as commencé à comprendre ce que c’était la vie.
Et tu imagines que, finalement, ça valait le coup de tenter. Que ce n’était pas à ta tête de décider s’il fallait t’éteindre.
« Je vois. »
Elle, elle perd son regard au loin. Elle semble encore douter. Elle semble ne pas partager tes idées. Peut-être qu’elle est ici pour trouver une clé. Pour essayer de comprendre, et pour trouver comment se faire pardonner. Elle veut peut-être des réponses à des questions qui n’ont jamais été posées. Ou trop retournées. Dans tous les sens. Jusqu’à ce que les lettres s’effacent. Jusqu’à ce qu’elles se mélangent, et qu’on ne comprenne plus rien.
Est-ce qu’elle voit vraiment ?
Ou est-ce qu’elle s’est perdu dans le brouillard opaque ?
La purée de pois de la mer, la couche grisâtre qui flotte à la surface lorsqu’il fait trop chaud. Est-ce que le sable lui fouette les chevilles ? Est-ce qu’il lui coupe les pieds, et qu’il lui fait croire qu’elle va chavirer ?
Accroche-toi à la barre, capitaine.
Il y a l’océan qui se soulève.
Accroche-toi à la barre, capitaine.
Tu sens le roulis qui tente de te déstabiliser ?
Accroche-toi. Ne laisse pas ton grand navire chavirer.
Le beau navire. Avec les voiles déchirées. Le grand mât brisé. La coque éventrée.
Il ne faut pas le laisser couler.

« Oui. » Oui, ce sont les questions. Les questions qui l’embêtent. Elles sont mauvaises. Elles épuisent son corps encore trop jeune pour s’interroger autant. Elles ne veulent plus la laisser.
Penche ton navire sur la tranche.
Ne laisse pas l’eau s’engouffrer.
Mais qu’est-ce que tu attends, enfin ?
Ton trois mâts va s’éventrer.
Vire à tribord !
Tu ne les vois pas, devant toi, les menaçants rochers ?

« Je crois que j'aime aussi. » Les vagues. Le bruit. Les coloris. Tu hoches la tête, toi aussi. Oui oui.
Elle t’a donné un sourire cassé.
Alors tu lui as proposé d’aller marcher quelque part. De vous fatiguer les pieds.

Tu t’es levé.
Tes vêtements encore mouillés sont tachés de sable. Le sel te colle à la peau. Tu remontes encore une fois tes lunettes qui ne cessent de glisser. Tu gardes tes chaussures dans ta main.
Vous êtes partis. Tes pieds nus s’enfoncent dans le sable, un peu.
Tu changes un peu ta trajectoire.
L’eau vient alors caresser ta peau.
A nouveau.
C’est un peu froid.
« On marche jusqu’au bout, jusqu’aux rochers, et puis on rentre ? » que tu demandes, doucement. Petite balade. Peut-être que tu devrais t’en vouloir de ne pas lui offrir un trajet un peu plus long. Mais rien ne l’empêchait de continuer d’elle-même. Elle n’était pas obligée de t’attendre pour avancer.
« C’est juste que, la mer m’a quand même affamé, alors … Je rentrerais bien pour déjeuner, après. »
Tu souris un peu. Tu crois que ça fera plaisir à la dame, là-bas. D’une certaine manière, peut-être qu’elle s’inquièterait moins. Peut-être que ça la rassure de vous voir commencer à avancer. Lentement. Sûrement. Parfois. Par à-coups. Mais timidement décidés.
Alors tu as entraîné la fille aux cheveux de sang avec toi. Jusqu’aux rochers. Les belles falaises.
Tu détailles les couleurs. Les couches de sable fossilisés. Celles de vases, immortalisées.
« T’es déjà allé voir les grottes marines ? C’est plein de belles couleurs, aussi. Surtout lorsqu’il y a un peu de lumière. »
Tu souris un peu, tout en continuant de détailler vos rochers. Le vert. Le lichen lié aux marées d’équinoxes. Le noir. La marée haute. L’eau qui se frappe contre les rochers. Et puis le sable sous vos pieds. Des morceaux de coquillages, peaux délaissées. Des tombeaux vides.

« Rentrons. »
Tu proposes. A elle de décider. Pour elle. Pour l’existence qu’elle veut mener.
Toi, tu penses que la discussion s’est doucement éteinte. Qu’elle est terminée.
Ce n’est pas grave.
C’est comme ça.
Ce sont des choses qui doivent arriver.
C’est rassurant de savoir que les choses peuvent se terminer.
Et qu’on peut commencer quelque chose de nouveau. D’encore plus beau.
Comme le lever du soleil.
C’est lié.
Alors toi, tu tires ta révérence, doucement.
Peut-être que la fille aux cheveux tristes peut attendre que l’eau se retire. Peut-être qu’elle peut partir à la recherche d’une grotte. Pour voir. Pour savourer.
Peut-être qu’elle peut venir grignoter un peu avec toi dans la grande maison.
Ou elle peut rester là. Pour regarder. Pour essayer de trouver les fossiles des trilobites, les vieux monstres marins, ou pour juste détailler les différentes couches de roches entreposées.
Mais toi, tu as déjà tourné les talons.
Et silencieusement, tu t’en vas.

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