Un jour, Maman, j’ai tenté de me foutre en l’air.
Peut-être que c’est la fatigue qui m’a fait flancher. Tu y crois, toi ?
J’y crois. Peut-être que c’était il y a mille ans. Peut-être que c’était hier. Peut-être que c’était ce matin. Peut-être que ce sera demain. Je ne sais plus. Je n’en sais rien. Je crois que j’ai envie d’oublier.
Je crois que je ne suis pas passé bien loin.
Je sais pas si c’est bien.
De m’être raté.
D’avoir tenté.
Je crois que j’ai un peu peur de voir la vérité.
Dis, tu ne m’en voudras pas ?
Puis si je pleure un peu quand tu viendras, ce ne sera pas trop grave ?
Je crois que je suis tellement fatigué que je ne sais même plus où j’en suis.
Je pense que malgré tout, il faut s’accrocher à la vie. (Même si c’est un peu compliqué, aujourd’hui.)
Tu sais, je crois que je vais partir, quelques jours. Quelque part. Je sais pas trop où encore. Vers la mer. Je pense que je vais partir pour dessiner. Je vais essayer de faire sortir tout ce que j’ai sur le cœur, et puis je rentrerai. Puis on verra bien. Pas vrai ? J’ai envie de te promettre que ça ira bien. Que je boirai moins, que je songerai plus, et que je réfléchirai mieux.
Et puis je penserai à vous.
Peut-être que comme ça, j’arriverai à faire la part des choses. Peut-être que c’est ce qui est mieux.
Je crois que j’ai cent ans pour m’en vouloir.
Mais mille ans pour tenter de me rattraper.
J’ai les jambes qui tremblent. Mais je vais tenter. Pour toi, pour moi, puis pour ceux qui se sont arrêtés. Je vais essayer de ne pas tomber en poussière. C’est ce qu’ils m’ont dit. Je crois que pour une fois, je vais les écouter. Peut-être que ça m’évitera de suivre mes idées.
J’ai eu peur, tu sais.
De vivre, de mourir, du chaud, du froid. Un peu de tout à la fois. C’est une douleur au fond de ma tête. Y’avait rien que ça. C’était juste ça.
Peut-être qu’il fait un peu nuit, ici.