Un pas, puis un autre.
Un pas, en équilibre.

T’es là, au-dessus du vide. Le regard droit, le corps gainé. T’es là, au-dessus du vide. Un pas, puis un autre. Tu marches avec aisance, avec sagesse. T’es dans ton élément. Là-haut. Trop haut pour qu’on te touche, pour qu’on t’atteigne. Trop haut pour qu’on te fixe dans les yeux, pour qu’on te parle. Là-haut. C’est ton monde. Ton endroit. Ici t’es bien. Ici, t’es avec toi seul.

Un pas, puis un autre.
Un pas, en équilibre.

T’as jamais su comment ou pourquoi il t’était venu, ce don. Mais, t’es là-haut. Trop haut. Et tu marches. Tu marches et tu sautes. Tu sautes et tu danses. Poupée funambule. Tu es beau. Dans ton art, dans ton cœur. T’as jamais su comment ou pourquoi. T’es juste tombé amoureux. Tombé amoureux au point d’y arriver. A faire ça, du cirque. Au point de forcer tes parents à te dire oui. Oué, t’es tombé amoureux.

Funambule.
Tu marches sur la corde de ta vie.
Funambule.
Tu marches sans peur.

Et pourtant, lorsque tu n’y es pas. Là-haut. T’as le cœur qui bat trop vite. Le corps qui se crispe trop fort. T’aimes pas être entouré. T’aimes pas être regardé. Sauf quand t’es là-haut. Sauf quand t’es amoureux. Parce que t’as le mal de vivre. T’as la douleur dans le cœur, dans le corps. T’es pas bizarre, ou peut être que si. Ca dépend qui le dit. T’es juste, différent.

Funambule.
Tu marches sur la corde de ta vie.
Funambule.
Tu marches sans peur.

Peur du noir, peur des autres. Tu restes dans ton coin, sans un mot. Tu restes dans ton coin. Parce que t’as ce quelque chose de différent. Tu les vois, les regards que te lancent tes parents. Tu les vois les regards de pitié, de dégout ? Tu les vois. Mais, t’as pas fait exprès. Non, t’as pas fait exprès. T’es né comme ça. Dans ton monde. Dans ton silence. Parce que t’es né comme ça.

Silence.
A tes oreilles aucun son n’arrive.
T’avais un an quand on l’a découvert.
A tes oreilles aucun son n’arrive.

Alors, t’es solitaire. Tu restes dans ton monde, dans ton endroit. Seul, souvent. Et pourtant, t’as un cœur d’or. Trop brisé pour battre encore. Trop brisé pour sourire encore. Et pourtant, c’est ce que tu fais. Et pourtant, t’es bien là. Vivant.

Funambule.
Tu marches sur la corde de ta vie.
Funambule.
Tu marches sans peur.