LA PLAGE ○ PARTIE 1

**Silas** MESSAGES : 86

LA PLAGE ○ PARTIE 1

Le soleil s’est levé depuis quelques heures déjà. Dans le salon, le monde s’agite : on a sorti les serviettes de plage et les paniers de pique-nique. Le personnel a prévu une sortie au bord de l’océan. L’air iodé fait du bien, il fatigue et apaise.
Le soleil brille haut et fort dans le ciel. La plupart des pensionnaires arborent un sourire qui leur est pourtant si rare et si précieux. Ça y est. Le portail s’ouvre. Même le personnel semble avoir le cœur gonflé de joie. Les premiers arrivés se mettent à courir comme des dingues sur le sable, et on dirait que leur joie est infinie. C’est un splendide tableau que de les voir là, tous ensembles. Ces dizaine de corps fatigués et blessés qui crient à la vie, qui chantent, qui dansent et courent.
Ils sont plus vivants que jamais.
Plus beaux que jamais.
Plus grands que l’univers.
Mais un cri. Bruit strident montant du fond de la gorge de l’un des pensionnaires. Le personnel accoure et les autres habitants de la maison aussi. Au bord de l’eau, entre la mer et le sable il y a un garçon. Il est jeune, pâle. Dix-huit ans tout au plus. Sa peau a pris la couleur de la mer et la beauté a déserté son corps depuis quelques heures. Le garçon est mort. Le garçon ne respire plus et ce n’est plus qu’un sac d’eau de mer et de sable. Les vêtements déchirés, quelques plaies. Il s’est jeté de la falaise, pour sûr. Et son âme s’est échouée là, au bord de la pension, là où il était censé ne plus souffrir.

(La première personne à répondre à l’intrigue est celle qui aura trouvé le corps en premier. Le personnel va appeler les secours et tout ça. Faites réagir vos personnages face à la mort du garçon. Comment ils se sentent, comment ils vont réagir face à cela ? L’intrigue se déroulera en deux parties. N’oubliez pas de privilégier les réponses courtes pour que ça avance plus vite.)

**Invité**

Prendre l'air. C'est ce qu'ils t'ont dis quand ils t'ont enfilé tes chaussures et tendus un sac de plage. Tu te dis que t'aurais pu le faire toi-même parce que jusqu'à preuve du contraire, t'es pas une infirme. Mais t'as rien dit, parce qu'au fond tu sais qu'ils font ça pour ton bien. Tu n'as pas non plus protesté quand t'as dû suivre les autres jusqu'au portail. T'as souris comme tout le monde parce que t'avais l'impression de découvrir un nouveau monde, un nouveau paradis tout près de ton chez toi, de ton espace intime.
Ils courent. Tu ne les suis pas, parce que l'eau c'est un truc qui te fait peur, c'est froid et c'est salé, ça donne un goût amer et ça brûle la gorge. Ça te donnerait presque l'impression de te réveiller après un long cauchemars. Tu ne sais même pas si tu as un jour aimé la mer. Si pendant qu'il était là, vous y alliez tous les deux.
Mais t'as pas envie d'y penser.
Tu détournes les yeux et tu vois quelque chose qui brille enfoncé dans le sable, puis un second, ce sont des beaux coquillages alors tu ramasses. Histoire de montrer que t'as fais quelque chose. Tu ne sais plus depuis combien de temps tu as le dos baissé, le sable coincé dans le sable parce que t'as arrêté de penser.Et puis tu vois une silhouette qui se démarque du sable, elle est toute seule et tu te demandes comment elle a fait pour s'endormir, les orteils couverts par la mer. Tu t'en approches, le touche, le secoue.
« Debout. »
C'était doux, c'était suppliant. Mais il ne bouge pas. Tu hurles, t'as peur, tu pleures, tu veux vomir. T'as le coeur au bord des lèvres.

**arthur** MESSAGES : 333

Je crois que c’est l’explosion de joie aujourd’hui.
Le soleil brille, le portail s’ouvre. Les bouches sourient, les corps dansent, les voix s’exercent. On dirait qu’on va fêter un truc ou quoi. Non, on sort juste à la plage, avec les autres pensionnaires. Une euphorie presque communicative. Moi ça me rend bonheur, le sable sous mes pieds, le bruit des vagues. J’aurai aimé que quelqu’un emmène une guitare et qu’on se mette à chanter et à danser. Là je crois que ça aurait été un tableau parfait. Quelque chose de pur, de vivant et de doux.
J’aime ces moments où le personnel nous dit : évadez-vous.
Puis un cri. Un cri strident. Je me retourne brusquement. Je cours vers la fille qui a hurlé. Puis je le vois. Le corps, étendu sur le sable. Le cœur dans l’eau de mer. Oh, merde… Mes doigts se mettent à trembler.
On n’a jamais vu la mort d’aussi près. Elle est là, à nos pieds. Sous les traits d’un type trop malheureux. Je prends le bras de la fille qui a trouvé le corps et je l’entraîne loin du corps. Ça va aller ? Je demande. Je me sens pas bien. Je crois que je vais vomir. La puanteur. La pâleur du corps.
C’est affreux.
À l’aide, je crie aussi.

**Contenu sponsorisé**