Et pourtant maintenant, c'est du dégoût qu'elle ressent lorsqu'elle ose observer son reflet dans le miroir.
tu ne sais pas, tu ne comprends pas, tu ne vois pas.
Il faut que tu prennes le temps de te plonger dans ses yeux pour que tu saches, oui, que tu saches alors que cette douce fille est brisée. Le siège de ses émotions, lui, est amoché, couvert de balafres. La malheureuse peine à respirer et à chaque bouffée d'air qu'elle prend, c'est son cœur qui se meurt.
elle ne voulait pas. elle ne savait pas. elle n'a pas comprit. elle ne comprend toujours pas.
On lui a expliqué plus tard qu'elle avait développé le syndrome de Stockholm. Elle ne voulait pas l'aimer, s'éprendre de ce tueur en série qui l'avait gardé en captivité pendant deux ans. Elle ne voulait pas, elle a promit que ce n'était pas de sa faute, mais elle n'a pas pu empêcher son cœur d'aimer celui qui la battait, la violait. Ils l'ont cru folle lorsqu'elle a avoué avoir eu des moments de tendresse avec ce meurtrier. Qu'elle avait vu quelque chose au fond de ses prunelles. "Ma douce, c'était la flamme du meurtre, la soif d'horreur et de malheur que tu as vu dans les yeux de ce fou. Il aimait quand tu avais mal. Et tu te persuadais du contraire, pour te rassurer, te dire qu'il y avait un sens à tout ça."
Elle a cessé de manger quand tout s'est terminé. Elle a cessé de parler. Elle a cessé d'écouter. Elle a éteint son humanité.
Alors revenir ici c'est comme se créer une nouvelle vie. C'est comme réapprendre à manger, à parler, à ressentir des émotions.