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 LES OMBRES DU SOIR (AUGUST)

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arthur
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MessageSujet: LES OMBRES DU SOIR (AUGUST)   LES OMBRES DU SOIR (AUGUST) EmptyJeu 5 Juin - 15:45

   C’est à cause d’August si on est là. Il propose et moi je le suis, partout où il va.
   Je crois que je l’aime bien.
   Ça fait pas très longtemps qu’il est là, depuis moins longtemps que moi. On dort dans la même chambre. Il a l’air gentil. Enfin, je crois qu’il m’apporte beaucoup. Il m’emmène en douce hors de la pension et il me fait rire et sourire. Au moins je pense à autre chose. Je pense à autre chose qu’à la folle dans l’appartement, à autre chose qu’aux coups de colère sur la peau, à autre chose qu’aux visages tristes qu’on croise dans la maison.
   Alors on part à pieds et on fait bien attention que personne nous voit ouvrir le portail.
   August c’est le genre de garçon qui plaît aux filles. Il est grand, les yeux un peu comme la nuit. Et puis surtout il est beau. Et parfois quand je le vois de loin il est adossé à un mur et il regarde les gens et il ne dit rien. Je crois qu’August c’est un peu un bouclier ou quelque chose comme ça, il protège des coups et des griffures. C’est le genre de garçon qui me donne envie de me cacher derrière son dos quand j’ai peur ou qu’il fait trop noir autour de moi et à l’intérieur de moi.
   Ce soir c’est un grand soir.
   Il n’y a pas de nuages dans le ciel et les étoiles elles sont infinies là-haut. On s’est couchés tout habillés pour faire semblant. On a attendu le couvre-feu du personnel. Moi j’étais comme un fou quand on descendait les escaliers grinçants de la maison : je sautillais derrière lui comme un imbécile heureux.
   On va voir le monde !
   Et c’est pas tous les jours que ça arrive. Je crois que le meilleur moment c’est quand on passe le portail et que l’adrénaline me gonfle dans le ventre comme les voiles d’un bateau. C’est comme réapprendre à respirer.
   On avance dans la nuit en silence. Merci, je dis. Je fronce un court instant les sourcils. Enfin, merci de m’emmener avec toi et tout. Je lui lance un sourire qu’il ne verra probablement pas à cause de l’obscurité. Peut-être qu’il apercevra l’esquisse de mes dents à la lueur timide de la lune.
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MessageSujet: Re: LES OMBRES DU SOIR (AUGUST)   LES OMBRES DU SOIR (AUGUST) EmptySam 7 Juin - 22:35

Il est tard. Le soleil vient de se coucher, emportant l'endroit dans son sommeil. 
L’air est encore chaud, les étoiles paraissent doucement et le vent caresse mon visage brûlé par l'excitation du mouvement. Le portail est derrière nous. Il nous observe nous éloigner, il semble triste. Il est bien seul.
Nous sommes sortis ce soir. Nous avons enfreins les règles, nous avons contourné l'autorité, nous avons sauté la grille. Nous nous sommes libérés de la tristesse et du quotidien de l'Endroit.
Arthur. Ce garçon; à peine plus petit que moi, avec ses cheveux or, ses yeux saphirs, sa voix velours et ses traits. Ses traits; il ressemble à l'une de ces statues que l'on voit dans les musées, ou sur les murs des châteaux. Il ressemble à l'une de ces statues qui étaient censées représenter la perfection. Arthur.
Il est le seul que je connaisse, il est le seul à entendre mes mots, à voir mes gestes. Il est le seul. Le souvenir de notre rencontre s'est déjà échappé de ma mémoire. Face à lui, je ne me sens pas digne d'être ici. Face à lui, j'ai envie de m'excuser, de me repentir, puis de partir, à jamais, prétendre que je vais bien, que tout va bien, prétendre qu'il n'y a pas de problèmes. Face à lui, je me sens coupable, comme si les cicatrices qui décorent son corps étaient présentent par ma faute.
Arthur. C'est avec toi que je suis parti ce soir, tu es le premier que j'emmène dans mes escapades nocturnes, j'espère que tu es heureux, autant que je le suis.
Nous avons fermés les yeux plus tôt que les autres, nous nous sommes cachés sous nos couvertures, et nous avons attendus que les bruits cessent. Nous avons marchés dans les couloirs, avec l'allure d'un de ces personnage de dessin-animés, qui espère ne pas se faire remarquer. A ce moment, je ne pouvais que sourire. Je ne pouvais pas réellement croire, qu'enfin j'entrainais quelqu'un avec moi. Qu'enfin je pourrais partager le monde. Nous nous sommes glissés jusqu'au portail, en essayant de ne plus faire crier les graviers sous nos pieds. Avec le mien, j'ai tiré ce monstre de fer qui nous séparait de notre destinée.
Nous sommes là, sur ce long serpent noir; sur cette longue route qui ne nous dit qu'une chose, “viens”. Je marche devant Arthur. Le soleil est maintenant bien trop loin pour que je puisse voir son ombre et je commence à penser qu'il n'est plus là. Qu'il a prit peur, qu'il est parti. Il doit me détester de le trainer ainsi, dehors.
Je ne sais pas.
Il me dit merci. Il précise en disant qu'il trouve ça cool de l'avoir emmené, 'et tout'. Je suis rassuré. J'entends ce très léger soupir heureux que l'on fait lorsque l'on sourit. Alors je me retourne, et j'essaye de distinguer ses yeux dans la nuit. Je le regarde. Je le fixe même, oui. Et maintenant on va où ? C'est toi qui choisit ce soir. Je lui souris à mon tour.
Je commence à jouer avec un caillou sous mon pied.
C'est le monde qui est devant nous, Arthur. On peut aller où tu veux tu sais, il est grand le monde tu sais, très grand, plus grand que notre âme, plus grand que nos blessures, plus grand que tout ce que tu peux imaginer.
J'ai envie de courir. Je me mets à courir. Il doit se demander ce que je suis en train de faire, alors je me retourne, comme une toupie, puis je le regarde avec un air joyeux; avec ce sourire qui veut dire beaucoup, ce sourire qui veut dire, “viens, cours avec moi”.
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arthur
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MessageSujet: Re: LES OMBRES DU SOIR (AUGUST)   LES OMBRES DU SOIR (AUGUST) EmptyDim 8 Juin - 7:07

Il me demande où on va. J’essaie de chercher les traits de son visage dans l’obscurité et je hausse finalement les épaules. J’ai pas tellement le temps de répondre et de réfléchir que déjà il enchaîne et recommence à parler. Et là il m’explique qu’on peut aller où je veux et que le monde est très grand, plus grand que tout. Je sais pas pourquoi mais ça aussi ça m’apporte le sourire. C’est comme une invitation à la découverte, c’est comme s’il me disait que c’est moi qui choisis la première destination mais qu’après on s’arrêtera pas, non. Après on continuera de marcher et on sera en train de rire et de parler. On aura l’air heureux. Moi je sais qu’on en aura l’air. Et même qu’on le sera pour de vrai parce que la seule chose qui comptera au monde ce sera nous et la nature et le monde qui nous appartient.
August se met alors à courir.
Je le sais parce que j’entends ses pieds qui frappent l’asphalte rapidement. Moi j’embraye immédiatement. C’est comme si August tenait une laisse invisible et que j’avais un besoin pressant de le suivre, ça me comprimait le cerveau, le corps tout entier. Il ne fallait pas qu’il me laisse seul ou que je le laisse seul : je devais le suivre, je devais rester avec lui. Ce n’était pas une laisse alors. Mais un lien, un lien fort et probablement indestructible.
Alors je cours avec lui. Je cours à son flanc et je crois que je ferme les paupières. Pendant que je gambade à ses côtés je lui prends la main, je serre fort sa paume contre la mienne. Le contact de nos peaux un peu moites me rassure et me rend bonheur. Je sais que je suis vivant. Et je sais qu’August est là, il est dans ma main et je suis dans la sienne donc je ne risque rien. Je ne dis rien mais c’est parce que la situation m’ôte les mots de la bouche.
J’ai un trop plein de tout. Un trop plein de joie qui gonfle comme un gâteau dans un four à l’intérieur de moi. Ça me fait un peu haleter cette course mais je m’en fiche. J’ai mes cheveux qui collent à mon front et je me dis que finalement j’aurais peut-être pas dû le prendre, ce blouson. J’ai l’impression que la pension est à quinze mille kilomètres de là. Qu’elle est étouffée et qu’il n’y a plus que nous et qu’on appartient à cette route. La fatigue réapparait et mes genoux en coton me disent qu’ils n’en peuvent plus, qu’il faut que je me calme. Je souffle un grand coup, un peu fort.
Wow, c’est tout ce que je dis.
J’ai la voix qui tremble un peu et ma respiration s’étrangle dans ma gorge. On peut aller dans la nature. Tu sais : marcher dans les champs. Et puis peut-être que si on marche assez longtemps on trouvera une forêt pour y dormir. Je mets du temps à dire tout ça parce que notre course folle m’a épuisé, et puis j’ai un peu mal sous mes pieds. Ça brûle et il y fait chaud, dans mes chaussures. Je retire ma veste que je pose sur mon bras.
Par contre j’ai oublié par où on allait pour voir les champs. À cause de la nuit, on voit plus trop. Mais je suis sûr que tu sais où c’est, toi. Tu connais le monde par cœur August, hein ? Je lui souris. Et puis si je sais plus où c’est parce que pendant qu’on courait il m’a semblé que le monde tournait à l’envers et que la vie marchait plus droit ou…
Je sais pas.
Ça m’a désorienté, en tout cas. Mais moi je fais confiance à August. Je crois que je pourrais lui servir mon cœur et mon âme sur un plateau et les lui servir. Et je lui dirai : tiens, prends-les. Prends tout. Tu en feras un meilleur usage que moi, de toute façon. Il est grand, August. Grand par ce qu’il est, par ce qu’il représente et par ce qu’il apporte. Je sais pas pourquoi il est à la pension mais au moins il est là. Il est là et j’ai tenu sa main. Et il me fait sentir vivant et il me fait oublier à quel point le cœur peut être lourd tout en me rappelant à quel point il peut-être léger. Il me rappelle aussi qu’il est possible de s’évader et de voler sans avoir à se tuer.
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