Invité
 |  Sujet: Show me how to be whole again (Libre) Dim 13 Juil - 20:12 | |
| Moanne, tu te sens seule. Ta solitude Moanne, c'est ce qui te tue le plus. T'es venue là, tu sais même plus pourquoi. T'es toujours dans ton coin, tu vas pas vers les autres. T'oses pas parler, t'oses pas t'imposer. Alors t'es seule. Seule, et ça te tue. Qu'est-ce que tu vas faire pour ça, dis-moi ? Quelque chose, ou pas ? Ou juste te laisser mourir un peu plus, ici ? C'est pas une bonne idée tu sais. Ils veulent sûrement pas d'un cadavre, d'un vrai. Tu pourrais être un cadavre qui essaie de respirer, au moins. Pour ne pas qu'ils aient à te jeter. A t'envoyer à la morgue. Tu serais sûrement l'une des premières à mourir ici. Dans cette maison. Ça serait pas bien. Ça leur ferait peur, peut-être. Ça les ferait crier. Ça les ferait hurler, même. D'effrois et d'horreur. De voir quelqu'un se laisser mourir, ici. Comme ça, au milieu des autres. T'es venue ici pour essayer de t'accrocher à la vie. Essaies, au moins.
Ta solitude Moanne, tu la choisis, un peu. Tu préfères presque, quand on te voit pas. C'est plus facile. T'as pas besoin de parler. Pas besoin de raconter. D'expliquer, surtout.
T'aimes pas expliquer. T'as peur qu'on comprenne pas. Et t'as raison, quelque part. Ils sont nombreux, les gens que t'as vu ne pas comprendre.
Alors t'as peur. Qu'on te juges. Qu'on te crois faible. Faible de te faire du mal. Faible de pleurer souvent. Faible d'être sensible. Faible, tu l'es peut-être. Sûrement, tu crois. Mais t'aimes pas le laisser transparaître.
Tu jouerais facilement des poings. Même si personne ne le croit. Quand t'es en pleine fureur, tu pourrais faire mal. Quand tu laisses la colère t'envahir, t'es plus vraiment toi.
T'aurais aimé le montrer, chez toi. Que t'étais pas faible. T'aurais aimé pouvoir te remettre. T'aurais voulus ne pas sombrer. Rester debout, contre vent et marré. Ne pas t'écrouler de tout ton être, sur le sol dur et froid. Pouvoir sourire, sans dépérir. Mais peut-être que faible, tu l'es. Mais t'aimes pas que les gens le saches.
T'as peur qu'ils te rejettent pour ce que t'es devenus. Une loque. Un gouffre de tristesse.
Pour ce que tu t'es fais, aussi. Ils comprendraient pas. Que tu puisses te faire du mal. Toi-même, sur toi-même. Ça n'a pas de sens. Quand ça fait mal, tout le monde cherche à arrêter la douleur. A guérir. Mais pas toi. Au fond, c'était ta manière. T'essayais de guérir. T'es pas comme tous le monde, toi, Moanne. T'es toute tordue et compliquée. Des gens pas comme tout le monde, il y en a plein, ici. Ils remplissent ce lieu. Ils jugeront pas. Tu devrais réussir à tisser des liens. Essaies, au moins.
En attendant, t'es là. Recroquevillée. Dans ton coin. Dans le garage à vélo.
Tu voulais pas qu'on te suive, tu voulais pas qu'on te voit pleurer. T'avais besoin d'évacuer, et de te calmer. Seule.
T'aimes pas qu'on te voit quand t'es comme ça. T'as fui les pièces communes.
Dans le garage à vélo.
La rage coule sur tes joues. T'as les poings serrés.
Tu vas sortir de ta coquille, un jour, Moanne ? |
|
